illustrations Elles sont charcutières, électriciennes, maçonnes, cuisinières, ouvrières, chômeuses, mais dès qu’elles pointent leurs escarpins dans la hiérarchie, elles masculinisent leur titre. Bénédicte P. devient Directeur général, Marie-Françoise S. Directeur administratif et financier, Catherine L. Directeur des ressources humaines, Karine C. Secrétaire général (voir le Carnet des Echos). Bizarre, non ? "Comme si féminiser un titre risquait de nuire au prestige d’une fonction" écrit Isabelle Germain dans Si elles avaient le pouvoir.

Vous allez me dire qu’il y a des choses sur le plan de l’égalité professionnelle qui valent sans doute plus le coup de se battre. "Il est vrai qu’entre une augmentation de salaire leur faisant atteindre le niveau des hommes et un "e" à leur titre, le choix est vite fait, dixit Isabelle G. Mais elles n’ont ni l’un ni l’autre. Elles n’ont probablement pas l’un parce qu’elles n’ont pas l’autre."

Même constat du côté de Benoîte Groult dont je recommande la truculente biographie Mon évasion. Cette féministe qui se revendique écrivaine avait fait de l’emploi du féminin son cheval de bataille au milieu des années 80 en présidant la Commission de Terminologie pour la féminisation des noms de métiers, de grades et de fonctions (ouf !). Elle n’a récolté que rires et sarcasmes, de la part des hommes comme des femmes. Selon Benoîte G., le blocage serait une question de mentalité. "Rendre invisible dans le vocabulaire l’accession des femmes à de nouvelles fonctions, c’est une façon de la nier". Une réflexion qu’Isabelle G. résume en trois mots : "Nommer, c’est légitimer".

Alors verra-t-on un jour fleurir sur les cartes de visite : Doctoresse ? Députée ? Colonelle ? Manageuse ? Matelote ? Média-planneuse ? Metteuse en scène ? Officière ? Pédégère ?...

Si vous avez envie d’aller plus loin sur le sujet : je vous recommande Le guide Femme j’écris ton nom (sur le site de la Documentation française). A la page 58, vous découvrirez de nombreuses équivalences de métiers hommes/femmes.

PS : le titre de ce billet renvoie à une remarque de Grand Homme en référence à "Qui est l’auteure ?" dans la colonne droite de ce blog ;-)