Les lettres que je reçois se suivent et ne se ressemblent pas. Voici Ariane, 32 ans. Ex-femme d’un Français expatrié en Inde, elle m’a confié son histoire. Plus que son aventure en Inde, c’est avant tout sa rentrée en France qu’elle souhaite vous faire partager. Dur, dur…

pensive_lestoilesdaz « Je viens de rentrer après deux ans d’expatriation en Inde. Au cours de ces années, j’ai divorcé, puis j’ai eu un enfant. Je suis restée en Inde pour me prouver à moi-même que je pouvais surmonter cette prise de liberté. J’ai trouvé un logement et un travail - je suis bac +6 diplômée en urbanisme et j’ai une double carrière dont je suis plutôt fière : urbanisme et journalisme/cinéma – Là bas, j’ai décroché un poste d’urbaniste conseil pour une filiale indienne d’un groupe français.

En rentrant en France, je n’ai pu que constater que je n’avais plus droit ni aux Assedic, ni à la sécurité sociale. Alors qu’une conseillère Assedic m’avait expliquée que les expatriés pouvaient toucher les droits pendant trois ans au lieu de un an, je n’ai finalement rien obtenu. Le temps de prouver à l’administration qu’on m’avait bien "expatriée", l’Assedic m’a finalement signalé qu’il n’y avait pas de prorogation et que le délai d’un an était expiré ! Du côté de la Sécu, comme les droits expirent après un an d’absence du territoire, les agents ont même refusé d’inscrire mon fils de 4 mois sous mon numéro et ce jusqu’à ce que je "clarifie" ma situation. La clarification est passée par une inscription express à la CMU pour retrouver une couverture sociale ! Au final, seule la CAF a accepté de me verser quelque chose : 172 euros par mois.

Je me retrouve donc seule avec un enfant à chercher du travail. Mon séjour en Inde a été réellement formateur pour moi et j’ai mûri, personnellement et professionnellement. Mais comment le prouver face aux recruteurs ? Quand on me demande : "Pourquoi êtes-vous allée en Inde ?", je ne peux que répondre : "j’ai suivi mon mari". Quelle erreur ! Car dans la tête des DRH, une femme d’expat s’ennuie et passe ses journées à compter les heures. Au mieux, elle fait du bénévolat. D’ailleurs là-bas, les administrations françaises l’ont bien compris : elles piochent dans ce vivier et proposent quelques "occupations" à ces femmes désoeuvrées avec des salaires frôlant le scandale (je pense à l’Ecole française et à l’Ambassade).

Mais moi, j’ai vraiment travaillé ! Pas facile à démontrer à des recruteurs français frileux et parfois en panne d’inspiration. Heureusement que ma famille me soutient. Sans elle, je serais en train de dormir sous un pont ou je serais restée en Inde pour construire autre chose… »