Un licenciement, un divorce, un deuil, des enfants devenus autonomes, des problèmes financiers, une envie de s'affirmer, et les voilà à compulser fébrilement les petites annonces. Je pense là en particulier à Dominique, 59 ans qui tente une reconversion dans l'oenologie, à Danielle, 52 ans qui cherche à percer dans l'événementiel, à Christiane, 41 ans suspendue à un contrat aidé dans un collège, à Evelyne, 44 ans, assistante de direction catastrophée face à une rumeur de restructuration. Au début, elles ont toutes un point commun : elles sont courageuses, motivées, accrocheuses. Ensuite, lorsqu'elles constatent que leur volonté ne pèse pas lourd face à leur maturité, elles sont rongées par la rage et le désespoir.

Et oui, à partir de 45 ans (voire même parfois un peu avant), une femme est considérée comme une has been. Bien sûr, on ne le lui dira jamais en face. Mais on lui préférera souvent une jeunette, payée moins chère, plus malléable, soi disant plus dynamique. Quel choix reste-t-il alors à ce type de profil ? Les solutions ne manquent pas pour celles qui ont déjà travaillé et qu'un licenciement à jeter sur le marché : on les incite à vendre leur expertise en devenant des super consultantes ou des managers de transition appelés aussi intérims managers. On les encourage à créer leur propre entreprise, à tester le portage salarial. Oui, mais pour les autres, pour celles qui n'ont jamais ou très peu travaillé ? Par où commencer ? Que mettre dans un CV avec une expérience de "femme au foyer" ?

Je pense qu'un tour à l'Anpe s'impose. Pas la peine de toucher les Assedic pour aller y récolter quelques infos. Un rendez-vous avec un conseiller peut déjà être un premier pas. Mais il faut savoir qu'il existe aussi des organismes spécialisés s'adressant spécifiquement aux femmes. C'est le cas des Centres d'information des droits des femmes (CIDF) et de l'association Retravailler. Cette dernière a été créé en 1974 par Evelyne Sullerot, une sociologue de 50 ans, mère de quatre enfants. Une pionnière ! L'association repose aujourd'hui sur plus de 80 antennes implantées dans 20 régions, il doit forcément y en avoir une près de chez vous. Elles accueillent les femmes, analysent leurs envies, les informent, les orientent, leur organisent des ateliers de travail, des formations, bref leur remettent le pied à l'étrier. 30 % à 40 % des femmes qui n'ont pas travaillé depuis longtemps et qui sont passées par Retravailler retrouvent un emploi. Le taux peut paraître faible, mais c'est une belle victoire pour chacune d'entres elles.

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