J’étais assise dans ma voiture, coincée dans les embouteillages comme tous les matins, la radio en sourdine, lorsque j’ai brusquement pris conscience que c’était le seul moment de la journée où je me retrouvais seule. Je veux dire "physiquement" seule. Comme coupée du monde. Dans un espace-temps contraint et unique. D’autant plus précieux qu’il ne remplace pas le temps donné aux autres, que je ne le vole à personne. Une bulle bien opportune, idéale pour... tiens... échafauder de nouvelles envies, de nouveaux désirs, se projeter un peu dans le futur. Et devinez ce que je fais dans ma bulle ?
Et bien je pense :
- à mon petit homme à qui j’aurais dû glisser un BN de plus dans son sac d’école parce qu’il n’a pas mangé grand-chose au petit déjeuner,
- à mon grand homme qui ne me relance plus pour les vacances et tiens, c’est plutôt curieux ça,
- à ma sœur qu’il faudrait que j’appelle et pourquoi je repousse toujours ?,
- à ces deux conférences de presse très intéressantes et "où se déroulent-elles déjà ?",
- à ce tas de linge que je n’ai toujours pas repasser et faudra bien que j’y passe,
- à cette facture qui doit traîner près du téléphone ou alors est-ce sous la pile du courrier ?,
- à ce que je vais bien pouvoir faire pour le dîner ce soir et ne pas oublier de passer prendre le pain...
Bref, j’ai l’impression de penser à tout, sauf à moi.
Est-ce le propre des femmes (des hommes ?) de cogiter ainsi sans cesse en évitant l’essenti-elle ? Comment se connecte-ton vraiment à soi sans être parasité par mille et uns détails professionnels ou familiaux ? Si quelqu’un à la réponse...