guide Je me suis alors adressée à Michèle Le Pellec. Cette ancienne ingénieur, devenue coach, a élevé seule deux enfants, aujourd’hui âgés de 20 et 21 ans. De son expérience, elle a écrit le "Guide de survie pour mère de famille monoparentale" (Ed. Dangles).

Voici donc une interview bourrée de conseils à lire sans modération.

Comment est perçue une maman solo ou monoparentale par la société ? Et par l’entreprise ? Ce statut peut-il être pénalisant ou au contraire avantageux lorsqu’on cherche un emploi ? Pourquoi ?

"L’employeur recherche la disponibilité, la flexibilité, pour maximiser la rentabilité de ses salariés. Pour lui, la mère célibataire c’est, en premier lieu, une probabilité d’absence aggravée pour cause de responsabilités non partagées (accidents, parents d’élèves, santé). Par ailleurs, pour l’entreprise comme pour tout groupe social, une femme sans homme va forcément en chercher un. Ou en détourner un. Cela est potentiellement source de conflit. L’employeur redoute aussi d’ouvrir sa porte à une personne plus stressée que la moyenne, plus exigeante aussi. Ce sont des stéréotypes tenaces. Parfois aussi hélas, une maman solo laisse supposer une fragilité structurelle qui incite au harcèlement moral ou sexuel."

Comment aborder le sujet de la monoparentalité si un recruteur se montre trop curieux (alors que "normalement" il n’en a pas le droit…) ?

"Celles qui ont du cran peuvent s’inventer un conjoint fantôme. Il suffit de dire incidemment "mon conjoint pense que" ou d’évoquer les relations des "couples TGV". Pour celles qui veulent bénéficier d’une relation d’aide (à double tranchant), ou insister sur la nécessité pour elles de décrocher l’emploi (est-ce la bonne stratégie ?), il faut impérativement prouver que l’organisation est en place quoi qu’il arrive : la mère, la belle-mère, la soeur, la voisine ou la baby sitter. Je vous conseille d’aborder de préférence le sujet avec le grand sourire de satisfaction et de sérénité de la mère comblée. N’oubliez pas que l’employeur n’est pas un assistant social."

Elever des enfants à deux, cela peut parfois être compliqué. Mais comment s’en sortir lorsqu’on est toute seule ?

michele"Un enfant mobilise du temps et de l’argent. La maman solo n’a ni l’un, ni l’autre. L’appartenance à une communauté (parents d’élèves, voisins, paroisse, associations) permet de mutualiser les crises. De son côté, la famille est souvent mobilisée pour les vacances. La stratégie la plus efficace consiste à organiser toutes les activités en tenant compte de la disponibilité de la maman : pas d’activités en dehors du périmètre vélo, éviter les temps d’attente (médecin, convocations par les enseignants pour mauvais résultats scolaires ou comportement inadapté), anticiper et maîtriser les risques (eau, gaz, chutes, accidents) permet d’éviter les crises et les dépenses imprévues. Entretenir son matériel et apprendre à tout réparer est également une source d’économies significatives.

Par ailleurs, le partage des tâches diminue la charge de la maman, responsabilise les enfants et rend la famille plus robuste aux absences imprévues. L’ensemble de la famille doit respecter la parole donnée et l’autorité. Il convient d’instaurer un climat de confiance qui permet une économie de surveillance ou de conflits. Tout cela ne peut être mis en place que si la maman explique quel est l’objectif visé : la réussite des enfants, la qualité de la vie familiale et la préservation de la ressource "maman", base de l’équilibre."

Comment trouver du temps pour soi, voire un nouveau compagnon ?

"La mère de famille reste une femme. Pour préserver son équilibre et se ressourcer, elle doit profiter du temps partagé avec le père biologique, ou des moments où les enfants sont en famille. Sinon, il faut user de la ressource baby sitter ou mutualiser les gardes avec une amie dès que les enfants dorment. Trouver un autre compagnon implique de sortir dans des endroits où il est possible de nouer des relations de qualité avec des hommes. Est-il nécessaire de préciser qu’il faut privilégier le club de voile, le club de judo, le cinéclub ou le club internet plutôt que le patchwork. Et pourquoi ne pas profiter des clubs de parents solos ?"

Michèle Le Pellec est aussi l’auteure de "Mon job, de la peur au plaisir – 28 conseils pour changer" (Ed. La Feuillée).

Si vous aussi, vous êtes une maman solo, n'hésitez pas à partager vos conseils ou états d'âme ici.